Albertine

Albertine Sarrazin, portrait d’une femme en cavale

Albertine Sarrazin, figure hors norme et pourtant méconnue de la littérature française, reprend vie sur les planches de la région. La comédienne Nelly Pulicani nous livre l’intensité d’une autrice qui a su s’affranchir des règles et déjouer le destin. 

Alger, 1937 : à peine la petite Albertine voit le jour que ses parents l’abandonnent. Adoptée par un médecin militaire et sa femme, elle reçoit une éducation bourgeoise et rigoureuse dans laquelle elle étouffe. Le sort s’acharne : son oncle la viole alors qu’elle a dix ans, ses professeurs la trouvent indisciplinée, son père l’envoie en maison de correction. Éternelle orpheline, Albertine Sarrazin (qui, à l’époque, porte le nom d’Albertine Damien) est répudiée par ses parents adoptifs, elle est encore mineure et ne peut compter que sur elle-même. Elle s’enfuit à Paris, s’adonne à la prostitution, chaparde pour vivre, tente un hold-up et se fait arrêter. Sur les vingt-neuf années qui lui sont données à vivre, elle en passera dix derrière les barreaux. Et puis, il y a cette folle histoire d’amour qui commence en 1957 : alors qu’Albertine s’évade de prison en sautant d’un bastion, elle se brise l’astragale, mais continue à courir — elle aime trop sa liberté. Jules Sarrazin, un petit malfrat, la ramasse sur le bord d’une route. Coup de foudre ; ce sera lui jusqu’à la mort. C’est dans cette vie frénétique, entre cavale et enfermement, qu’Albertine Sarrazin puise la matière pour composer son œuvre. L’autrice laisse derrière elle des recueils de poèmes, des nouvelles, des lettres, mais surtout trois romans autobiographiques (L’Astragale, La Cavale, La Traversière) et une légende. 

Le spectacle Sarrazine est un hommage rendu par la dramaturge Julie Rossello-Rochet et la metteuse en scène Lucie Rébéré à une vie plus grande que la vie. Loin du simple biopic, la pièce souligne la légèreté inhérente au destin tragique d’Albertine. Seule sur le plateau, Nelly Pulicani lui donne corps, la rencontre et la raconte. 

Le 23 mars 2023 au Théâtre 145 à Grenoble et du 23 mai au 3 juin 2023 au Théâtre des Célestins à Lyon 2.

© Jean Louis Fernandez

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