A Bright Room Called Day

A Bright Room Called Day : L’extrême-droite au pouvoir, une hérésie ? 

Créée à la fin des années 1980, A Bright Room Called Day figure parmi les premières pièces de Tony Kushner, qui connaitra un succès planétaire dix ans plus tard grâce à son spectacle épique autour de l’épidémie de VIH-sida, Angels in America

Si A Bright Room Called Day n’est pas la pièce la plus connue de Tony Kushner, elle porte pourtant en germe tout ce qui fait le théâtre de l’auteur gay américain et qui s’exprimera pleinement dans son plus grand succès à ce jour : Angels in America. En effet, on y trouve déjà son intérêt pour les sujets historiques puisque l’action principale de Bright Room se déroule dans l’appartement d’Agnes, à Berlin, au début des années 1930, en pleine ascension d’Hitler. Elle suit l’évolution d’un groupe d’ami·es de gauche face à la montée du nazisme. 

Dans ce groupe figure notamment Baz, jeune homosexuel qui travaille à l’Institut de sexologie de Magnus Hirschfeld, centre de recherche en avance sur les questions liées à l’homosexualité notamment, ouvert en 1919 et détruit par les Nazis en 1933. Là encore, on retrouve le thème de la lutte pour les droits des personnes LGBT+ cher à Kushner et qu’il développera largement dans Angels in America en retraçant 15 ans d’épidémie de VIH-sida. 

Mais plus encore, ce que l’on trouve dans Bright Room et qui traverse l’oeuvre dramatique de Kushner, c’est sans doute sa haine viscérale contre la droite américaine. Dans la version initiale de A Bright Room Called Day, Tony Kushner intègre le personnage de Zillah, une militante de gauche noire et lesbienne qui vit dans les États-Unis des années 1980 de Ronald Reagan. Ses interventions, politiques, excentriques, décalées, participent à la conception brechtienne du théâtre de Kushner et créée des ponts entre Hitler et le président américain d’alors. Ce parallèle a d’ailleurs souvent été reproché à Kushner à la création de sa pièce. 

A Bright Room Called Day

Néanmoins, avec l’élection de Donald Trump, les metteur·euses en scène se sont à nouveau intéressé·es à la pièce, si bien que Kushner a modifié le texte et intégré un nouveau personnage, Xillah, qui interagit avec Zillah, depuis les États-Unis des années 2018-2020. C’est cette version que met en scène Catherine Marnas. Or, si l’ascension au pouvoir de Donald Trump a pu un temps être perçue comme un folklore propre à la politique états-unienne, il ne fait guère de doutes aujourd’hui qu’elle annonçait les prémices d’une droitisation, voire d’une extrême-droitisation des suffrages, également en Europe. Presque quatre décennies après sa création, A Bright Room Called Day pourrait malheureusement s’avérer bien plus d’actualité qu’il n’y parait. 

À voirA Bright Room Called Day, du 11 au 13 mai aux Célestins à Lyon.

© Pierre Planchenault

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