La Tendresse

La Tendresse

Après Désobéir, spectacle qui s’attachait à restituer la parole de jeunes filles tentant de se soustraire aux pressions familiales et sociétales qui s’exercent sur elles, la compagnie Les Cambrioleurs, menée par la metteuse en scène Julie Berès, se penche sur la question des masculinités avec La Tendresse.

Depuis Simone de Beauvoir et sa retentissante assertion « On ne nait pas femme, on le devient » publiée dans le Deuxième sexe en 1949, les études tendant à démontrer le caractère induit socialement et construit artificiellement de ce que l’on nomme la féminité, notion qui recouvrirait l’ensemble des attributs qui font une femme, sont légion. Cette pléthorique production réflective sur les femmes a longtemps caché en creux un impensé : le caractère tout aussi artificiellement et induit socialement de la masculinité. 

Les raisons de cet impensé sont assez claires : dans notre système hétéro-patriarcal, ceux qui exercent la domination sur le reste de la société se considèrent comme la norme, un modèle à partir duquel concevoir les autres qui ne saurait être remis en question. La fameuse supposée neutralité du genre masculin de la langue française, par exemple. 

La Tendresse

Néanmoins, de plus en plus de travaux sont venus bousculer ces certitudes dernièrement, que l’on pense aux essais de Raewyn Connell, de Valérie Rey-Robert ou encore de Francis Depuis-Déri, pour ne citer que quelques exemples. Et il est heureux de constater que la scène s’empare désormais volontiers elle aussi de la question de la masculinité. C’est le cas du spectacle La Tendresse de Julie Berès. Et comme les clichés ont la vie dure, on note immédiatement ce qui apparait encore malheureusement souvent comme une dichotomie : l’association de la tendresse à la masculinité. La metteuse en scène s’en explique d’ailleurs dans sa note d’intention : « c’est sans doute dans l’acceptation de sa vulnérabilité, dans l’accès à ses sentiments, dans la revendication d’une égalité de faits entre les hommes et les femmes (plutôt qu’une complémentarité de principes qui reste l’arme du patriarcat) – que réside l’une des clefs de la réinvention de soi. »

Car ce spectacle, qui réunit huit interprètes et mêle à la fois le théâtre et la danse, aborde les thèmes de la drague, du couple, du consentement, de l’homosexualité et de la paternité en s’attachant à déconstruire les stéréotypes qui y sont liés. En renonçant aux attributs tels que « la performance, la force, la domination de soi et des autres », les acteurs – et au-delà les hommes – prennent conscience de subir des carcans tout aussi oppressants que ceux appliqués aux femmes. Et entraperçoivent soudain la possibilité d’être soi-même. 

À voir

La Tendresse, du 9 au 13 mai 2023 au Théâtre de la Croix-Rousse à Lyon.

À noter dans vos agendas

La représentation du 12 mai 2023 sera suivie de la soirée Fuck Me Tender coorganisée par Hétéroclite et le Théâtre de la Croix-Rousse dans le hall du théâtre. Évènement ouvert à toutes et tous (même sans billets pour la représentation) dans la limite de la jauge autorisée. 

© Axelle de Russé

Poster un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.