parc

Accros aux crocs : Le parc 

Eh bien, la fuite. C’est cette décision qui avait conduit Galaad au cœur de ce parc où se nichait l’un des plus beaux musées du monde, au sommet d’une des collines de cette ville que l’on disait éternelle. Cette ville vieille de plus de 2700 ans, qui avait su régner sur un empire et où aujourd’hui pas une ligne de bus ne fonctionnait correctement. Cette ville où le peuple abordait les aléas de la vie avec une nonchalance teintée de fatalisme, sachant qu’aux affres de la chute succèdent invariablement les lauriers de la gloire. Et vice versa. 

Alors que le crépuscule transformait peu à peu les arbres en inquiétants fantômes de la nuit, Galaad retrouvait un peu de quiétude. Les désillusions avaient été nombreuses, certes, comme autant d’épées en plein cœur. Les compromissions, les trahisons, il avait fallu les excuser, les oublier, se rendre compte qu’elles étaient moins des attaques frontales que des maladresses. Il avait fallu se délester de bagages devenus trop lourds, accepter de les abandonner, endurer la perte puis la surpasser. Sur place, néanmoins, cela n’avait pas été possible. Il avait fallu partir, fuir sans doute, mais pour se retrouver. Ailleurs. 

Quel sens cela avait-il d’être éternellement triste quand on est immortel ? Cette tristesse qui s’insinue dans tous les échanges et contamine tous les rapports. Cette tristesse qui finit peu à peu par vous définir alors même que vous ne cherchez qu’à y échapper. Sous les pins, au pied des statues du parc, alors que vrombissaient au loin les clameurs de la ville, Galaad entrevoyait enfin une issue possible. Bientôt, il pourrait à nouveau se perdre avec délice dans la fureur de la nuit. Bientôt, il pourrait à nouveau se joindre aux autres. Bientôt, il pourrait à nouveau sourire.

Pour l’heure cependant, il se contenterait d’une rencontre furtive au détour d’un bosquet, rendue propice par l’obscurité humide aux relents de feuilles pourrissant sur l’herbe, avec quelque pauvre hère en recherche de sensations fortes. Gloire et chute. Chute et gloire. Et tout alentour, les vestiges de la beauté.

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