Ken

Ken : un modèle de représentation gay ? 

Barbie sort dans nos salles de cinéma, l’occasion rêvée pour se concentrer sur son pendant masculin. Car oui Ken est grand, Ken est blond et beau, mais Ken est surtout un peu gay …

1961, Ken voit le jour, il est musclé, blond et habillé d’un maillot à rayures. Très loin de la figure métrosexuelle et kitsch que l’on connaît aujourd’hui. Passé l’engouement dû à sa nouveauté, Ken se vend moins bien que Barbie et il devient évident que pour plaire aux enfants du monde entier, il devra lui aussi devenir une icône de mode. 

Début 90, face aux ventes catastrophiques de la version masculine de Barbie, Mattel décide d’interroger un groupe de jeunes filles américaines pour déterminer son futur. Les résultats du sondage indiquent que les caractéristiques physiques de la poupée ne sont pas un problème en soi. Il ne serait simplement pas assez “cool”. Mattel crée alors une de ses poupées les plus controversées : Earring Magic Ken.

Ken porte une veste en cuir brillant mauve, un haut en résille violet et un pendentif avec un large anneau en métal. Jusqu’ici rien de très indécent. Mais ce même anneau n’était pas sans rappeler les anneaux péniens (ou cockrings), alors très populaires depuis les années 70 au sein de la communauté gay. Comme l’arbore la poupée, le sextoy était parfois porté autour du cou comme signe revendicateur d’une orientation et de pratiques sexuelles. 

Le succès est immédiat et sans précédent. Si Ken est plus désirable pour les jeunes Américaines qui grandissent en idolâtrant des icônes pop comme Prince, il devient en parallèle un symbole de représentation. Nul doute que si la poupée s’est aussi bien vendue, c’est grâce aux hommes gays qui se ruèrent dans les magasins de jouets pour obtenir leur exemplaire. Véritable événement dans cette Amérique en pleine crise du sida où règne l’invisibilisation des communautés LGBT+ dans la culture mainstream, la poupée provoque un scandale médiatique. La production de Earring Magic Ken est rapidement arrêtée. 

Cette anecdote cristallise finalement toute l’ambivalence qui caractérise la poupée. Car si à l’origine le duo Barbie-Ken est un modèle d’hétéronormativité, dans l’imaginaire collectif Ken est depuis souvent associé à ce garçon qui peine à sortir du placard (cf. Toy Story). Il fut et restera un exemple d’appropriation par la communauté gay qui continuera de considérer la poupée comme une vaste caricature. Maintenant, reste à voir si la réalisatrice Greta Gerwig se saisira des paradoxes qui habitent le bodybuilder peroxydé de Mattel dans son film.

À voir 

Barbie de Greta Gerwig avec Margot Robbie, Ryan Gosling, Emma Mackey… En salles le 19 juillet 2023. 

Poster un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.