chicos mambo

Les Chicos Mambo en tutu mais pas cuculs

Si vous aimez les Ballets Trockadero de Monte-Carlo, vous adorerez le pendant européen des trublions de la danse new-yorkaise, les Chicos Mambo, et leur spectacle Tutu.

Créée par le chorégraphe Philippe Lafeuille en 1994 à Barcelone pour rapprocher la danse et la comédie, la compagnie des Chicos Mambo rencontre le succès d’abord en Espagne, où elle envahit les écrans de la chaîne catalane TV3. Elle conquiert ensuite les scènes européennes et internationales avec deux spectacles, Méli-Mélo (1998) et Méli-Mélo II (2006). En 2014, à l’occasion des vingt ans de la compagnie, Lafeuille imagine un nouveau spectacle, Tutu.

Présenté comme «un jeu en mouvement pour réinitialiser avec mordant et bienveillance les grandes pages chorégraphiques de notre temps», Tutu semble parfaitement s’inscrire dans la suite de la Biennale de la Danse 2016 et répondre, de manière queer et potache, à l’exposition Corps rebelles toujours en cours au Musée des Confluences. Comme celle-ci, le spectacle des Chicos  Mambo se propose d’explorer les différents aspects de la danse, qu’elle soit classique ou contemporaine, sportive ou de salon. Au centre du concept, on trouve ce vêtement intrinsèquement lié à la danse qu’est le tutu et une compagnie uniquement composée d’interprètes masculins endossant tous les rôles.

Une couille dans le potache

Sans rien céder sur la maîtrise technique, les six interprètes des Chicos Mambo, venus d’horizons aussi différents que la danse classique, la comédie musicale, le théâtre, le mime, l’acrobatie ou le hip-hop, se moquent gentiment des clichés véhiculés par la danse. Les ressorts comiques du spectacle exploitent en effet les rapports très genrés du ballet, l’âpre compétition entre les danseuses et les danseurs ou encore l’aridité et l’aspect parfois abscons de certaines chorégraphies contemporaines. Si l’on croit ainsi déceler des références à Pina Bausch, l’épisode de la danse de salon renvoie tout autant à Dirty Dancing qu’à On achève bien les chevaux et l’évocation de la danse rythmique et sportive rappellera à celles et ceux qui  ont vu les épreuves de GRS des Jeux Olympiques de Rio leurs longues insomnies de l’été.

Jouant sans cesse sur le va-et-vient entre culture populaire et culture élitiste, Tutu offre un large panorama des diverses acceptations de la danse et prend moins la forme d’une critique acerbe que d’un hommage potache à l’expression chorégraphique sous tous ses aspects.

Tutu, le 18 novembre 2021 à Pôle en Scènes, 1 rue Maryse Bastié-Bron. 

Photos © Michel Cavalca

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