Erwin Olaf, une photographie habitée à voir à La Sucrière

La solitude et l’effroi, telles sont les thématiques de Erwin Olaf. Photographe néerlandais né en 1959, l’artiste fait l’objet d’une exposition à La Sucrière. Intitulé Emotions, l’événement présente des travaux photographiques et vidoégraphiques réalisés entre 2001 et 2012.

À travers une scénographie particulière, dictée par l’univers glacé et glaçant de l’artiste, le spectateur est happé par la prégnance des œuvres. Créant une ambiance silencieusement réflexive ou bruyamment incorrecte, Erwin Olaf nous interroge sur des questions aussi diverses que le genre, la classe sociale, le beau et la difficulté du secret. Il explore également le medium : à la façon de Gerhard Ritchter qui interroge la photographie en l’imitant grâce à la peinture, Erwin Olaf utilise la première pour questionner la deuxième. Ses clichés présentent une touche léchée, empruntant des aspects à la peinture hollandaise. En effet, la série Dusk & Dawn illustre le calme, reprenant la touche du peintre Vermeer. Les photographies dévoilent une femme, certainement mère, et un enfant dans un décor impérial, mais vidé de toute essence.

L’art du portrait d’Erwin Olaf

Cependant, la force de l’artiste néerlandais réside surtout dans ses portraits. Avec la série The Keyhole, qui se greffe à une installation, Erwin Olaf use du portrait pour mettre en lumière la question de l’identité. L’individu n’a pas de visage, il semble se dérober à lui-même. Quant à la série Paradise Portrait, l’enchaînement de gros plans dévoile des visages de clowns. La proximité fait disparaître l’épais maquillage derrière lequel se cache le personnage et exacerbe une solitude pesante. En parallèle à ces portraits, Paradis the club vient compléter cette esquisse du cirque. Dans des collages hallucinants, l’artiste met en scène le grossier. Une exposition frappante, qui ouvre à l’introspection.

 

Emotions du 21 mars au 30 juin à la Sucrière, 49 quai Rambaud – Lyon 2 / 04.27.82.69.40 / www.lasucriere-lyon.fr

 

Photo : The Keyhole d’Erwin Olaf (2011) © Courtesy Flatland Gallery, Utrecht