Face à Face

L’édition 2013 du festival Face à Face célèbre le courage

Placé sous l’égide du courage, le programme de la neuvième édition de Face à Face aligne une compétition de courts-métrages, la présence de Bambi, de passionnants inédits, des retours vers le passé et bien sûr la fête !

Il faut saluer la belle cohérence de Face à Face : alors que l’édition 2012 s’était achevée par le couronnement des Invisibles de Sébastien Lifshitz, Prix du public du festival, l’édition 2013 s’ouvre avec Bambi (photo ci-dessus), nouveau documentaire du même Lifshitz, lui-même président du jury du Prix du court-métrage qui choisira le successeur de I am a Girl, l’épatant court qui avait remporté les suffrages l’an dernier et qu’on reverra en ouverture avant Bambi ! La présence, lors de cette séance d’ouverture, de l’héroïne magnifique de ce film offrira une occasion en or de saluer à la fois l’élégance de la dame, son intelligence et surtout ce formidable courage dont elle fit preuve d’un bout à l’autre de son parcours, de la reine transsexuelle des cabarets parisiens à l’enseignante qu’elle fut et à la romancière qu’elle est désormais.

Ce mot courage qui s’applique si bien à Bambi est donc l’étendard de ce Face à Face 2013 et nombre de films présentés vont s’employer à illustrer de diverses manières le courage nécessaire, indispensable même, qu’il faut pour être gay, lesbienne ou trans dans nombre de pays mais aussi le courage qu’il fallut, ici et hier, pour imposer sa différence (on reverra avec profit des classiques comme Sebastiane de Derek Jarman [1975], ou Thé et sympathie de Vincente Minnelli [1956]), sans oublier ni le courage intime de s’accepter soi-même, ni le courage politique de lutter contre les discriminations ou, encore et toujours, contre le sida – et la rediffusion des Nuits fauves de Cyril Collard (1992), film très contesté à l’époque de sa sortie, est en soi une preuve de courage.

Nul doute qu’on trouvera aussi des illustrations de cette notion lors de la Nuit du court-métrage au cours de laquelle on pourra découvrir pas moins de dix-huit films inédits venus du monde entier.

Le courage d’être Iranien

Il n’existe pas beaucoup de pays dans lesquels la répression de l’homosexualité est plus terrible qu’en Iran. Autant dire dès lors que chaque film venant de ce pays est, au-delà des faiblesses techniques ou narratives qui peuvent être les siennes, un véritable événement. Face à Face a choisi d’en présenter deux, et pas des plus anodins, deux films réalisés par des femmes (quel signal !) qui n’ont la chance d’exister que parce que produits par (ou avec) des pays occidentaux : l’Allemagne pour Facing Mirrors de Negar Azarbayjani, les États-Unis pour En secret de Maryam Keshavarz, tourné de plus au Liban mais presque aussi clandestinement que Facing Mirrors.

De quoi est-il question dans ces films qui tentent de remettre en cause les interdits ? D’un jeune transsexuel pour l’un (dans un pays où le changement de sexe est légal mais est aussi le seul devenir possible pour un homosexuel !), de deux filles libres et amoureuses pour l’autre, autant dire trois drames puisque chacun doit faire face à l’oppression sociale, politique et religieuse pour tenter d’exister – et certains s’y casseront les dents. Ce sont des fictions bien sûr, mais la part documentaire de ces beaux portraits en est peut-être la facette la plus passionnante.

Courageuses expériences

Dans une programmation marquée par une belle diversité, quelques inédits se font remarquer, comme le film allemand Free fall, puissante passion contrariée entre deux policiers, mais aussi Le Sexe des anges, triangle amoureux venu d’Espagne où un jeune homme trouble un couple hétéro. On jettera aussi un œil sur le documentaire Ralf König, roi des bédés, portrait du génial auteur de bande-dessinée pédée par le roi du militantisme cinématographique allemand, Rosa von Praunheim. Mais la meilleure surprise du lot est un film culotté et décalé, Qui a peur de Vagina Woolf ?, queererie drolatique signée Anna Margarita Albelo et revisitant sur un mode lesbien, fauché, inventif, ultra-personnel et irrésistible le fameux Qui a peur de Virginia Woolf ?. Une savoureuse (et parfois émouvante) dinguerie.

Face à Face, du 28 octobre au 1er  décembre au cinéma Le France, 8 rue de la Valse – Saint-Étienne / 06.29.43.01.20

Photo : Bambi de Sébastien Lifshitz

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