Le renouveau du coming of age movie gay passe par l’Amérique latine
La sortie en salle de Jesús, petit criminel de Fernando Guzzoni est l’occasion de constater que si le thème de l’adolescence gay semble s’essouffler dans les cinémas français et américain, il se renouvelle avec inventivité en Amérique latine.
Les lignes se déplacent. Les mêmes motifs se retrouvent ailleurs, modifiés forcément par le décalage géographique, par les changements d’époque. On voit autant les continuités que les fractures et elles sont aussi intéressantes, aussi révélatrices les unes que les autres. Prenez l’adolescence, les histoires d’ados gays par exemple, devenues le grand sujet du cinéma LGBT américain depuis l’émergence du New Queer Cinema il y a trente ans, et celui des cinéastes gays français depuis Les Roseaux sauvages il y a un quart de siècle. On voit bien qu’ici, grosso modo, on en a fait le tour, que le thème est un peu épuisé, qu’il est difficile d’en tirer quelque chose de neuf. Mais voilà qu’il ressurgit sous d’autres cieux, ceux d’Amérique latine notamment, et qu’il déploie dès lors d’autres questionnements, plus âpres, plus violents.
On s’aperçoit alors que le rapport des millenials latinos à leur sexualité et à leur identité est lesté d’autres poids spécifiques : la place du père dans ces sociétés, celui aussi d’une culture profondément marquée par les dictatures encore toutes récentes, celui du choc des générations, celui de la submersion des valeurs traditionnelles par la culture de masse américaine dans sa version la plus trash… On retrouve tout cela dans Jesús, petit criminel, forte chronique d’un crime homophobe au Chili (qui avait déjà inspiré il y a peu un autre film, Plus jamais seul d’Alex Anwandter) vu à travers les rapports d’un des agresseurs et de son père. Le film de Fernando Guzzoni est sans morale, comme son héros, perdu dans la construction de lui-même, égaré dans ses contradictions.
Des visions plus optimistes de l’adolescence homo à Chéries-Chéris
Il n’y a pas, loin de là, la même douleur du passage à l’âge adulte dans les courts-métrages réunis dans le quatrième volume du Best of du festival Chéries-Chéris, qui tous se penchent sur cette question de l’adolescence homo et dont plusieurs proviennent du Mexique ou du Brésil. Mais ils n’en constituent pas moins, dans leur diversité de tons et de nature, de riches contrepoints à ce sombre portrait d’une jeunesse désillusionnée.
Jesús, petit criminel, de Fernando Guzzoni, avec Alejandro Goic, Nicolas Duran, Sebastian Ayala…
Sortie en salle mercredi 28 mars
Best of Chéries-Chéris, volume 4 (en DVD chez Optimale)
Photos Jesús, petit criminel © JBA Productions
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