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Le dandysme décrypté dans un ouvrage

Par sa riche iconographie, Le Dandysme – La création de soi permet de (re)découvrir un courant passionnant, même si l’approche de l’auteur est des plus contestables.

« Le premier devoir dans l’existence, c’est d’être aussi artificiel que possible » : la phrase d’Oscar Wilde dit bien toute la méfiance du dandysme à l’égard du spontané et de ce qui passe pour naturel. Apparue au début du XIXe siècle, la figure du dandy incarne pour beaucoup d’artistes et d’écrivains (parmi lesquels, notamment, Baudelaire) une forme d’idéal ambigu : nostalgique d’un art de vivre rendu obsolète par la Révolution, le dandysme s’apparente à un désir tout aristocratique de se distinguer ; mais il est aussi une forme de protestation plus ou moins sourde contre les conformismes de tous poils. Plus qu’une simple question de look, le dandysme est donc d’emblée aussi invention de formes et contestation des normes – une « science des manières », comme le dit Balzac, ou encore une « manière d’être, entièrement composée de nuances », selon Barbey d’Aurevilly. Cette contestation par le raffinement des vêtements et des manières (on ne tarde pas à reprocher aux dandys d’être maniérés, justement) est avant tout celle des normes de genre – c’est évident à feuilleter Le Dandysme – La création de soi : du poète romantique Lord Byron (qu’on rencontre ici dans tous ses états : robe de chambre, costume de combattant de l’armée grecque, etc.) aux looks les plus excentriques de David Bowie en passant par George Sand posant en chapeau haut-de-forme ou Proust, Gide and Co s’affichant dans des tenues exubérantes, le désir de faire de soi une œuvre d’art perturbe les stéréotypes de genre. 

C’est dans cette iconographie que réside le seul intérêt du livre de Daniel Salvatore Schiffer qui, faute d’une véritable réflexion historique, empile les références sans éclairer les transformations du dandysme ni même pouvoir justifier ce qui s’y rattache ou pas (mais que vient faire Mylène Farmer vient faire dans cette histoire ?). L’auteur empile pêle-mêle les références, et la sociologue Nathalie Heinich se retrouve à côtoyer… Éric Zemmour ! Arrivé·e à la p. 271, on se frotte les yeux en lisant que les dandys « résolument modernes » voire « révolutionnaires » seraient des gens aussi peu recommandables que Yann Moix ou Renaud Camus… Bref : mieux vaut revenir à ses classiques, retoucher son fond de teint et ajuster sa lavallière en écoutant du Lou Reed !

Le Dandysme – La création de soi de Daniel Salvatore Schiffer (Éditions François Bourin). En librairies. 

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