ralf konig

Ralf König, un roi déchu ?

Peut-on encore rire avec Ralf König ? C’est une question que se poseront peut-être les spectateur·rices du documentaire Ralf König, roi des bédés, que le grand réalisateur gay allemand Rosa von Praunheim a consacré il y a dix ans à son compatriote bédéaste, et que le Goethe Institut propose de (re)voir, en sa présence, à l’occasion du Lyon BD Festival.

Un satiriste controversé

Les pour : depuis ses premières publications, au début des années 80, le dessinateur a su croquer avec humour (et une bonne dose d’autodérision) les hauts et les bas de la vie gay, de l’épidémie de sida à l’adoption du mariage pour tous outre-Rhin (quatre ans après la France, mais dans un climat nettement moins violent). Si sa popularité reste forte chez les homos (surtout masculins, il faut bien le dire), c’est sans doute parce que beaucoup se sont reconnus dans ses personnages, et notamment dans le couple hilarant (et particulièrement mal assorti) que forment Conrad et Paul, deux témoins de leur époque que l’on a vu vieillir au fil d’une dizaine d’albums.

Les contre : sa croisade anti-religieuse, qui nous réjouissait il y a encore quelques années, semble aujourd’hui beaucoup moins drôle, à la lumière du développement de l’islamophobie et de la xénophobie dans toute l’Europe. Bien sûr, son athéisme militant (il est membre de la Fondation Giordano Bruno, équivalent teuton de nos laïcards franchouillards) n’épargne personne, et surtout pas le pape allemand Joseph Ratzinger, dit Benoît XVI.

Reste que l’Alternative für Deutschland (AfD), le principal parti d’extrême-droite de son pays, ne renierait sans doute pas la caricature de réfugiés musulmans homophobes que Ralf König présente fièrement dans le documentaire. La responsabilité du satiriste (thème archi-rebattu depuis les attentats contre Charlie Hebdo) n’est-elle pas aussi de se distancier de ce phénomène d’intolérance et de racisme que l’on voit croître partout, y compris chez les gays ? Voici une autre question qui pourrait bien alimenter le débat d’après-projection.

À voir

Ralf König, roi des bédés de Rosa von Praunheim, le 10 juin à 19h au Goethe Institut, 18 rue François Dauphin-Lyon 2 / Entrée libre, inscription conseillée au 04 72 77 08 88 ou à info-lyon@goethe.de.

Exposition Choco Boys, de Ralf König, du 11 mai au 26 août au Goethe Institut, 18 rue François Dauphin-Lyon 2.

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