Soa de Muse

Finaliste de la première saison de Drag Race France et actuellement en tournée avec les autres candidates, Soa de Muse a répondu à nos questions entre deux shows avant de débarquer à Lyon le 21 octobre prochain. 

Quelles sont les sources d’inspiration de Soa de Muse ? 

Soa de Muse : Je n’ai pas créé le personnage que tu vois dans l’émission. C’est le résultat des femmes noires qui m’ont entourée dans ma vie. Je n’ai pas cherché à créer un personnage, Soa c’est moi, et Soa de Muse c’est mon nom d’artiste mais ça reste la même personne. Il n’y a pas de dédoublement de personnalité. Ce qui m’inspire, c’est ma famille, toutes les femmes qui m’ont entourée dans ma vie, ma mère, ma grand-mère, ma tante. Des femmes battantes qui n’ont jamais rien lâché. Après, oui, il y a une inspiration Marvel. Mais de là à dire que je me suis inspirée de quelqu’un pour créer ce personnage, non. Je ne me suis inspirée de personne. 

Tu as mis en avant régulièrement tes origines martiniquaises et de banlieue. C’était important de montrer cela dans le cadre de l’émission ? 

Totalement, que ce soit la communauté des DOM-TOM ou la communauté des banlieues, à la télévision française, elles sont invisibilisées de ouf. Tu n’en vois pas si ce n’est pour dire que ça se passe mal en banlieue ou qu’aux Antilles, ils ne respectent pas le couvre-feu. Donc, oui, je trouve important d’appuyer dessus. Paloma appuie sur ses références cinématographiques françaises, moi j’appuie sur d’où je viens et quelles sont mes origines. 

Est-ce que tu as été surprise par le niveau de la première saison de Drag Race France et par l’engouement du public pour l’émission ? 

Par l’engouement du public, bien sûr, parce qu’on ne s’attendait pas à ce que ça fasse autant de bruit. J’en avais l’espoir mais je ne m’y attendais pas. Après, concernant le niveau de la saison 1, il y avait intérêt à ce que ce soit un bon niveau. Le truc génial, c’est qu’on est toutes différentes. Il n’y en a pas une qui se ressemble. 

Je pense que la production a voulu montrer qu’en France, on avait un bon niveau. Mais depuis le temps, wesh, tu m’étonnes qu’il fallait qu’on le montre. Il fallait qu’il y a des meufs qui aient faim de la scène et du stage. Il y avait beaucoup de personnes qui s’inquiétaient de ce que ça allait donner. Les drags ont bien été choisies. Chacune représente un courant précis, parce que le drag ce n’est pas forcément ce que RuPaul dit. En termes d’histoire, en tout cas en France, ça vient du cabaret. On ne pourra pas me dire le contraire. C’est politique. 

D’ailleurs, toi-même tu viens du cabaret. Dans quelles mesures cela t’a aidée pour participer à l’émission ? 

Je ne sais pas si ça m’a aidée. Moi je fais ça depuis bientôt 12 ans. C’était une suite logique. Moi j’aime la scène, c’est pour cela que je le fais. Je viens de là et je ne sais faire que ça. Ça m’a juste permis d’être à l’aise devant les gens. Ça me permet aussi d’être naturelle, de ne pas calculer tout ce que je dis. Je suis brut de décoffrage et ça me permet de rester dans ce délire-là. 

Selon toi, qu’est-ce qu’il t’a manquée pour remporter la victoire ? 

Rien du tout. C’est un peu une hiérarchie française de dire il faut que tu aies la couronne pour gagner. Pardon ? En fait, non. Moi je suis arrivée, je n’avais pas forcément beaucoup de moyens. Il y a beaucoup de personnes qui m’ont aidée, heureusement. Mais je n’avais pas grand-chose. Et je suis arrivée jusqu’au bout juste avec l’envie de continuer et le support de tous mes potes, de toutes les personnes qui ont eu confiance en moi et la rage de ne rien lâcher. À partir de là, j’avais déjà gagné et ce n’est pas une couronne à 40 000 balles qui va justifier le fait que j’ai gagné. Je l’aurais revendu la couronne, je te jure, je l’aurais fait. J’ai besoin d’argent, chéri. Il faut que je remplisse mon putain de frigo. Et payer un loyer. Et j’ai profité de cette émission pour continuer à bosser et m’entourer des gens avec qui j’ai envie de travailler et qu’on monte tous ensemble vers l’infini et l’au-delà. Hashtag.

Tu disais justement que tu vivais pour la scène. Ça se passe comment la tournée ? 

Ah mais c’est le feu. Imagine : tu as six danseurs ultra bien gaulés, un écran de ouf derrière toi et des gens qui t »envoient du love. Tu reçois une sorte de vague d’énergie, c’est impressionnant. Moi ça me recharge. Et je renvoie en retour et je me donne à fond. 

Est-ce que tu as des projets qui se préparent pour l’avenir ? 

Je continue avec mon cabaret La Bouche, un cabaret autogéré par quatre artistes. Je vais repartir aux Antilles pour essayer de faire du cabaret là-bas. Je vais aussi aller au Brésil, parce que j’ai un lien assez inexplicable avec ce pays. 90% de mes potes sont brésiliens, donc au bout d’un moment… Voyager, continuer à faire des tournées. C’est tellement bon de faire ça.J’ai l’impression d’être dans une grosse colonie de vacances. Tu imagines, 11 dragqueens dans un wagon de TGV ? Cachez-vous les mecs ! Concrètement, même les enfants ne parlent pas. Non, j’espère vraiment continuer. S’il y a un All Star, je suis là.  Je ne le fais pas pour essayer de gagner mais pour montrer que je suis là. Rester la tête haute et le menton levé jusqu’au ciel. Faut pas qu’on se laisse abattre. On est des warriors, on est des guerriers, il ne faut rien lâcher.

Il faut le dire dans ton article, le show, c’est un endroit safe où tout le monde peut venir comme il est, c’est pas du fast-food, c’est de la dégustation, où on peut être comme on a envie d’être. 

Drag Race France Live, le 21 octobre 2022 à la Bourse du Travail à Lyon. Le show sera suivi d’une soirée organisée à la Plateforme par les Platanes et l’UC en présence de Nicky Doll, de Paloma, de Candy Williams et de Victoria Idole. Lien vers l’événement Facebook.

5×2 places à gagner pour le show du 21 octobre en envoyant nom+prénom à redaction[at]heteroclite.org

Le 27 octobre 2022 à la Coopérative de mai à Clermont-Ferrand.

Le 05 novembre 2022 à l’Amphi 3000 à Lyon.