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Les ancêtres des Prides

Dans les mois qui suivent les émeutes de 1969, des militant·es gays, lesbiennes, bi et trans décident de commémorer l’événement et donnent ainsi naissance aux ancêtres des Prides actuelles.

On l’a tellement dit et répété, ces dernières années, que même les hétéros finissent par le savoir : les Prides, dont la saison vient de s’ouvrir, commémorent les fameuses émeutes de Stonewall, qui ont éclaté le 28 juin 1969 dans un bar new-yorkais de Christopher Street. Ce qu’on connaît moins, c’est comment est née l’idée de célébrer cet événement, qui ne constitue certes pas le début du militantisme LGBT, mais représente néanmoins un tournant majeur de son histoire. Retour sur les ancêtres des Prides.

Avant les Prides, il existait déjà aux États-Unis un rassemblement annuel pour les droits des homosexuel·les, mais qui n’a jamais rassemblé plus que quelques dizaines de participant·es. Les Annual Reminders se sont déroulés chaque 4 juillet (journée de la fête nationale américaine), à partir de 1965, à Philadelphie, à l’appel de la Conférence régionale des organisations homophiles de la côte Est (ERCHO). En 1969, leur cinquième (et dernière) édition a lieu moins d’une semaine après les émeutes de Stonewall et ce rapprochement inopiné souligne combien cette initiative très proprette (les hommes doivent venir en costume-cravate, les femmes en robe, aucun couple ne doit se tenir la main…) est désormais dépassée. Parmi les organisateurs en quête de plus de spontanéité figure un militant de 29 ans, Craig Rodwell, membre désabusé de la branche new-yorkaise de la Mattachine Society. Avec son compagnon, Fred Sargeant, il a assisté et participé aux émeutes de Stonewall et comprend qu’une page vient de se tourner.

En novembre, tous deux, ainsi qu’un couple de militantes lesbiennes (Ellen Broidy et Linda Rhodes) proposent lors d’une réunion de l’ERCHO « qu’une manifestation se déroule chaque année, le dernier samedi de juin à New York, pour commémorer les manifestations spontanées de Christopher Street en 1969 ». Les réunions de travail commencent début janvier dans l’appartement de Rodwell, au 350 Bleecker Street. Mais c’est finalement Chicago qui dame le pion à New York et accueille la première marche en honneur des événements de Stonewall, le 27 juin 1970, suivie, quelques heures plus tard, par San Francisco, et, le lendemain, par New York et Los Angeles. L’événement porte alors le nom de Christopher Street Liberation Day.

En France, la première marche “autonome” (en dehors des cortèges homos dans les défilés du 1er mai), réunissant gays et féministes, en 1977, ne fait pas encore explicitement référence à Stonewall. Ce sera le cas en 1979, dix ans après les émeutes. Aujourd’hui, l’évocation de cette glorieuse page d’histoire est devenue incontournable dans les Prides du monde entier.

© Marie Hache

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