Émeutes Stonewall

Les émeutes de Stonewall

Profondément gravées dans la mémoire militante LGBT+, les émeutes new-yorkaises du Stonewall Inn en 1969 charrient leur lot de mythes et de légendes, souvent concurrentes.

Remémorons-nous les faits encore une fois : le 28 juin 1969, la police new-yorkaise effectue une énième descente dans un bar de Greenwich Village, le Stonewall Inn. Face à ce harcèlement, les client·es se révoltent et déclenchent une émeute de plusieurs jours. Mais qui étaient ces pionnier·es ? “En quelques années, on est passé d’une mythologie largement blanche à une autre mythologie où Stonewall serait exclusivement le fait de personnes transgenres, de couleur s’il vous plaît”, notait l’activiste français Didier Lestrade dans un article de 2015. Cette même année, le film américain Stonewall, du réalisateur gay Roland Emmerich, était accusé de “blanchir” l’histoire en retraçant ces événements séminaux à travers les yeux d’un jeune homme blanc. Furent alors rappelés les noms de Sylvia Rivera, Marsha P. Johnson ou Stormé DeLarverie, trois femmes racisées (trans pour les deux premières, lesbienne pour la dernière) censées être les vraies initiatrices des émeutes. Problème : Rivera et Johnson, si elles ont incontestablement pris part aux événements, ne semblent pas avoir été présentes lorsqu’ils ont débuté. Stormé DeLarverie, en revanche, pourrait bien être celle qui, en se rebellant, aurait tout déclenché. Mais elle-même récusait le terme d’”émeute”, lui préférant ceux de “rébellion”, “soulèvement” ou de “désobéissance pour les droits civiques”…

Émeutes Stonewall

Avant Stonewall, des événements similaires, nés en réaction à la violence policière contre les client·es de lieux de sociabilité LGBT+, eurent lieu à Los Angeles et à San Francisco. Pourquoi alors se souvient-on mieux de Stonewall ? Peut-être parce que le contexte socio-politique de l’époque s’y prêtait mieux. Mais aussi parce que l’idée de commémorer l’événement a germé très tôt. Fin 1969, une poignée d’activistes propose d’organiser une marche annuelle en souvenir des émeutes. Et, le 28 juin 1970, a lieu le premier Christopher Street Liberation Day (du nom de la rue où est situé le Stonewall Inn).

Aujourd’hui encore, le souvenir de Stonewall est souvent évoqué, notamment pour dénoncer la présence de chars de policier·es LGBT+ dans certaines Prides ou pour déplorer ce que d’aucun·es perçoivent comme leur normalisation ou dépolitisation. Mais les organisateur·rices de ces événements également évoquent de plus en plus les mânes de Stonewall. À croire que la référence à ces émeutes, événement conflictuel s’il en est, est devenue somme toute assez consensuelle (quoiqu’avec des usages mémoriels différents) au sein de la communauté LGBT+.

 

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