affiche festival écrans mixtes 2017

Écrans Mixtes, un festival au plus près de nos identités diverses

Pour sa septième édition, en dépit de la perte des subventions de la Région, le festival Écrans Mixtes accentue son double travail : redécouverte du patrimoine cinématographique LGBT et exploration pointue du meilleur du cinéma inédit aujourd’hui.

L’invité d’honneur

C’est un auteur rare qu’a choisi de mettre en vedette Écrans Mixtes, un cinéaste aussi peu prolifique que puissant, aussi discret qu’essentiel. Car en deux longs-métrages seulement, Jonathan Caouette s’est imposé comme l’un des auteurs majeurs du New Queer Cinema, l’héritier de Gus Van Sant ou John Cameron Mitchell. Son premier film, Tarnation (2004) a d’ailleurs été produit par ce dernier.

C’est un stupéfiant météore sous forme d’autofiction filmée, une exploration assez unique de la question de l’identité (familiale, sexuelle, artistique…) par un jeune homme de vingt-cinq ans qui use de tous les matériaux à sa disposition (essais Super-8, films de famille, photos, interviews…) pour se raconter et raconter son lien particulier avec sa mère, Renée, belle et peu à peu détruite de l’intérieur par la folie. Renée est centrale dans la vie et l’œuvre de son fils. Elle est encore le cœur de l’autre film de Caouette, ce Walk Away Renée bouleversant, journal de bord d’un voyage partagé entre Jonathan et Renée. Rares sont les réalisateurs qui se sont mis aussi à nu que Caouette, ceux qui ont approché de si près l’intime de leur vie et, par ricochet, des nôtres. Jonathan Caouette est à (re)découvrir, tout comme les choix de sa belle carte blanche.

Les classiques

Entre un immense classique du cinéma lesbien (Jeunes filles en uniforme, 1931), un chef-d’œuvre inégalé du cinéma indépendant gay le plus sublimement kitsch et homoérotique qui soit (Pink Narcissus, 1971), une des approches les plus subtiles et touchantes de l’adolescence homo (Beautiful Thing, 1996) et une conférence sur les stéréotypes LGBT de l’âge d’or du cinéma (Méchants gays, vilaines lesbiennes), Écrans Mixtes explore dans tous les sens l’histoire des images LGBT.

Avec la complicité de la Cinémathèque française, qui vient de les retrouver et de les restaurer, le festival offre aussi l’occasion de découvrir deux courts-métrages inconnus et saisissants signés d’un des grands documentaristes français des années 1960-1970, dont l’homosexualité était à peu près restée secrète jusqu’alors : François Reichenbach. Ce désir pour les hommes, absent de son cinéma officiel, transpire de toutes les images de Last Spring et Nus masculins, qu’il tourne en 1954-1955, lors d’un séjour américain, alors que Reichenbach entame à peine sa carrière. Le premier est une fiction amoureuse entre deux garçons aux looks mi-James Dean mi-Marlon Brando, le second un documentaire pointilliste dans lequel il capte les images de ses amis. Surgis du néant, ces deux courts-métrages muets et amateurs sont de pures pépites d’un cinéma queer balbutiant.

Les inédits

Être un noir gay en Afrique du Sud (Les Initiés). Être une jeune femme trans au Vietnam (Finding Phong). Être un couple lesbien en Israël (Barash). Être une famille homoparentale au Chili (Rara). Être un hijra, un transgenre traditionnel, en Inde (Guru, une famille hijra). Être lesbiennes en situation de handicap en France (Cerveaux mouillés d’orages). Être minoritaires et précarisés dans une minorité new-yorkaise, avec le voguing comme seul rempart (Kiki). Être fétichiste entre France et États-Unis (Être cheval)…

Écrans Mixtes explore cette année les mille et une manières d’être LGBTQI+ aujourd’hui dans le monde, d’être différents, d’être soi envers et contre tout. Fictions et documentaires conjuguent sur tous les modes ces identités parfois heureuses, parfois douloureuses, parfois l’un et l’autre, toujours riches, toujours complexes. À ce panorama exigeant, et passionnant de nos diversités, il faut ajouter le grain de folie queer apporté par Dyke Hard, réjouissante série B lesbienne trash comme on en a rarement vu, improbable OFNI venu du Suède, mix de musical rock, de road movie, de SF et de délirant n’importe quoi, promis à coup sûr au statut de film culte !

 

Festival Écrans Mixtes, du 8 au 14 mars dans la Métropole de Lyon / www.festival-em.org
Invitations à gagner pour la projection de Tarnation, jeudi 9 mars à 21h à l’Institut Lumière, 25 rue du Premier Film-Lyon 8 / 04.78.00.56.83 / www.institut-lumiere.org
Envoyez vos nom et prénom par mail à redaction@heteroclite.org (objet : Tarnation)

Poster un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.