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Les sorcières, des figures féministes ?

Dans son dernier ouvrage Sorcières : la puissance invaincue des femmes, la journaliste et écrivaine Mona Chollet propose de créer des ponts entre la figure de la sorcière et l’indépendance des femmes. Légende ou réalité historique, la sorcière s’est longtemps vue dénigrée. Elle est aujourd’hui l’emblème d’un féminisme nouvelle génération.

Le livre de Mona Chollet, Sorcières : la puissance invaincue des femmes apporte des réponses à celles et ceux qui se demandent ce que la figure de la sorcière a de féministe. En effet, l’autrice y explique que la sorcière est une figure à la marge, minorisée, détestée… La sorcière apparaît donc comme la métaphore de la haine de la société envers les femmes. Mais qui étaient ces femmes accusées de sorcellerie ? Selon le collectif WITCH (Women’s International Terrorist Conspiracy from Hell), la sorcière est une femme qui ose regarder à l’intérieur d’elle-même. Par conséquent, la sorcière ne serait qu’une femme comme tant d’autres, quoique… Une femme libre, indépendante, ou du moins qui aspire à l’être. En bref, la sorcière bouscule la société patriarcale. Et cela de différentes manières… En refusant d’être mère par exemple. D’ailleurs, Mona Chollet commence son ouvrage en nous présentant ces femmes qui prônent « le désir de la stérilité ». Selon l’autrice, il serait difficile d’être mère et d’avoir une « vie à soi » dans le contexte actuel. Et c’est pour cela que certaines femmes refuseraient ou regretteraient la maternité. En ne remplissant pas la fonction d’enfantement que leur assigne la société, ces femmes seraient alors stigmatisées comme des sorcières.

 

La sorcière, une femme à l’intersection des oppressions

 Mona Chollet évoque dans son ouvrage des théories éco-féministes : faire du mal à la nature reviendrait à faire du mal aux femmes et vice-versa. D’ailleurs, Tituba, l’une des premières femmes accusées lors de l’affaire des sorcières de Salem au XVIIe siècle aux États-Unis,  était une femme très proche de la nature et ne croyait qu’en la force de cette dernière. Il est également intéressant de se pencher sur la condition sociale de Tituba. Elle était une esclave noire. Déjà, à cette époque la classe et la race faisaient de certaines femmes les grandes sacrifiées de la société. Enfin, lorsque nous prenons connaissance de l’histoire des chasses aux sorcières, et des nombreux cas de femmes brulées vives et/ou torturées, nous ne pouvons qu’être soulagé·es. La société a évolué : l’État n’organise plus de mises à mort publiques pour les sorcières. Mais Mona Chollet met en garde ses lectrices et lecteurs face à tout excès de confiance : « la peine de mort pour les femmes qui veulent être libres c’est en quelque sorte privatisée : quand l’une d’elles est tuée par son compagnon […] c’est souvent parce qu’elle est partie ou parce qu’elle a annoncé de le faire ». Finalement, les femmes restent encore souvent punies pour leur soif de liberté. Une seule solution s’offre alors à elles : participer au sabbat infernal ! 

Sorcières Mona Chollet

 

 

Sorcières : la puissance invaincue des femmes de Mona Chollet (Éditions Zones)

 

 

 

 

© Photographie : Collectif Marthe, Le Monde renversé

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