Sister Dana van Equity, juillet 1987-5-J-B-CARHAIX

Les photographies de JB Carhaix s’exposent à Grenoble

À l’occasion du quarantième anniversaire des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence (cf. Hétéroclite #144), les photographies historiques de Jean-Baptiste Carhaix s’exposent à la Maison de l’International à Grenoble jusqu’au 21 juin.

« Jean-Baptiste Carhaix fait partie de l’histoire » c’est ainsi qu’a été présenté le photographe par l’une des Sœurs fondatrices lors des commémorations qui se sont déroulées en mai à San Francisco. Carhaix qui a fait le voyage depuis Lyon, était invité à faire un discours en hommage au couvent. Tandis que les souvenirs des Sœurs disparues et de la tragédie causée par le sida refont surface, le photographe a versé quelques larmes : « Les commémorations étaient très émouvantes, et éprouvantes… surtout à mon âge » nous confie-t-il à son retour à Lyon.

Sister Vicious Power Hungy Bitch aout 1989-2-J-B-CARHAIXEn amorçant ses reportages photographiques sur ces « nones de choc » en 1979, Carhaix est en effet entré dans l’histoire des cultures LGBT sans le prévoir. Il est le seul photographe à avoir à la fois documenté leurs actions et à les avoir mises en scène sur une période de quatorze ans, de 1979 à 1996. « Avant de rencontrer les Sœurs, je pratiquais la photographie depuis une décennie, j’estime que cette rencontre m’a véritablement forgé en tant qu’artiste. » Carhaix aime dire qu’il est devenu artiste grâce aux Sœurs, qu’avant cela il n’était qu’un photographe.

À la suite de son travail de reportage en 1984, il décide de mettre en scène les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence sur les hauteurs de San Francisco avec comme toile de fond, le Golden Gate Bridge. Ainsi sont nées des images iconiques d’une modernité incroyable que l’on ne se lasse pas de revoir ou de découvrir (car beaucoup n’ont jamais été exposées).Devant l’objectif se joue un combat pour la vie, contre la culpabilité et la propagation des IST. Lors des prises de vue, certaines Sœurs étaient mourantes. La mort s’est ainsi invitée dans les images de Jean-Baptiste Carhaix et dans son histoire personnelle puisqu’il n’a jamais cessé de prôner le port de la capote et de faire des recherches sur les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence.

Sister Marquesa de Sade aout 1984-J-B-CARHAIXLutter contre la culpabilité
Lors de notre première rencontre avec le photographe en 2014, il nous avait avancé sa théorie selon laquelle les Sœurs avaient été les premières à avoir l’intuition que le VIH se transmettait par voie sexuelle. La recherche médicale n’était pas arrivée à tirer une telle conclusion en 1982, ce qui n’empêcha pas les Sœurs d’établir un document dès le mois d’avril listant les IST. Un document sur lequel est tombé Carhaix atteste que les Sœurs ont bel et bien été visionnaires
: le sida apparaît en dixième position de cette liste, juste avant la honte d’être homosexuel·le considérée donc comme une IST. « Rappelons que la lutte contre la culpabilité d’être gay était un des objectifs du couvent. »

Ce voyage à San Francisco lui a permis de se documenter auprès des différentes archives LGBT et de faire parvenir une partie de son travail de recherche au MUCEM et au fond d’archive de la bibliothèque de la Part-Dieu puisque avant d’être un artiste et un photographe, Jean-Baptiste Carhaix est un véritable chercheur. Ses archives photographiques constituent un formidable recueil d’images inédites qui l’emmènera au MUCEM en novembre 2021 pour une exposition collective dans le cadre des réflexions menées par le musée sur l’histoire sociale du VIH-sida.

Jean-Baptiste Carhaix, Les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence jusqu’au 21 juin à la Maison de l’International, 1 rue Hector Berlioz-Grenoble
Intervention du photographe et projection de ses photographies dans le hall de la bibliothèque de la Part-Dieu le samedi 8 juin à 15h dans le cadre de la conférence de Soeur Rita du Calvaire “40 ans à arpenter les trottoirs dans la joie, au service de la communauté”, 30 Boulevard Marius Vivier Merle – 69003 Lyon

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