À la Maison de la Danse, une saison 22-23 ancrée dans les enjeux contemporains
La programmation 22-23 de la Maison de la Danse s’annonce bruyante. Dévoilée lundi 2 mai 2022, la nouvelle saison promet un florilège de performances autour de la voix. Après la traversée pandémique, les artistes ont plus que jamais besoin de se faire entendre.
La voix est le prolongement du corps, un outil de ralliement. Les artistes programmé·es dans la saison 2022-2023 de la Maison de la Danse sont donc invité·es à déclamer, râler, crier… pour extérioriser leurs ressentis en ces temps difficiles. Parmi les 139 représentations prévues, plusieurs ont retenu notre attention. De pièces politiques à la célébration de la diversité et de la jeunesse, voici les temps forts de cette 43e saison.
Tensions géopolitiques et sociales comme sources d’inspiration
L’art permet de transformer doutes et angoisses en œuvres spectaculaires. Avec any attempt will end in crushed bodies and shattered bones (les 11 et 12 octobre), Jan Martens questionne l’immobilité de l’humanité face aux enjeux climatiques et sociétaux.
La Compagnie Maguy Marin et sa pièce Y aller voir de plus près (du 25 au 29 octobre) souffle, elle, une lueur d’espoir sur un monde toujours en guerre en explorant les résistances portées par des hommes et des femmes au fil des oppressions.
Avec sa dernière création, Fiasco, le Collectif ÈS explore le désaccord comme processus créatif sur fond d’hymnes nationaux et de musique punk. Une pièce à l’humour grinçant qui éprouve le consensus comme symbole de démocratie (le 24 février 2023).
L’humanité sous toutes ses formes
Cette année encore, la Maison de la Danse accueille plusieurs représentations célébrant la diversité. Le chorégraphe Gregory Maqoma ouvre la saison avec The Valley of Human Sound (le 1er septembre) où quatre danseuses du Ballet de l’Opéra de Lyon et une chanteuse folk reconstruisent un monde d’espoir et redéfinissent les relations de pouvoir de notre société.
Le collectif (LA)HORDE propose un programme conjugué au féminin (du 14 au 16 décembre). Avec Lucinda Childs et sa pièce Tempo Vicino, Tânia Carvalho et sa création One of Four Periods in Time ou encore Oona Doherty et la réadaptation de son double solo Hope Hunt & the Ascension into Lazarus. L’icône du voguing en France, Lasseindra Ninja, et son cabaret Mood, afficheront les corps dans leur différence et leur sexualité. Une revendication partagée par la chorégraphe et performeuse italienne Silvia Gribaudi et son spectacle Graces (du 27 au 28 février 2023) qui dénoncent le modèle dominant de la beauté.
À noter également, Nach qui signe sa première pièce de groupe avec Elles disent (du 2 au 3 mars 2023) et pousse sa réflexion vers une forme de féminin pluriel. Jann Gallois et son œuvre Ineffable entraîneront le public dans une quête spirituelle autour de la résistance aux normes sociales. Dans Van Thorhout, le solo d’Alexander Vantournhout, la masculinité est remise en question. Incarnant Thor, Dieu guerrier nordique, l’artiste belge transforme son marteau en un instrument souple, à la fois puissant et fragile, pour devenir un héros non-violent.
Laisser parler la jeunesse
Les plus jeunes générations d’artistes ne sont pas en reste quand il s’agit de s’exprimer. Avec Le Chœur (du 20 au 21 février 2023) de la chorégraphe Fanny de Chaillé, dix jeunes interprètes mêlent texte, voix et corps dans une pièce à l’énergie explosive. Yuval Pick, l’actuel directeur du CCN de Rillieux-la-Pape, signe FutureNow (du 25 au 28 avril 2023) qui appelle le public à réactiver son imaginaire enfantin.
Le partage intergénérationnel est aussi au cœur du Hip Hop Opening, imaginé par Saïdo Lehlouh et Bouside Ait Atmane (du 23 au 26 mai 2023). Cette scénographie convoque dix interprètes de tous âges et un DJ pour des sonorités entre house, locking, popping et freestyle. Ainsi, la saison 2022-2023 de la Maison de la Danse prend à bras le corps les problématiques sociales et géopolitiques qui agitent notre société.
Pour s’abonner
Maison de la Danse, 8 avenue Jean Mermoz – Lyon 8 / 04.72.78.18.00
© Fabio Sau
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